Tuesday, 26 May 2020

Chagos : il faut que Maurice demande aux éditeurs et fabricants étrangers de modifier leurs cartes et globes également

Chagos : il faut que Maurice demande aux éditeurs et fabricants étrangers de modifier leurs cartes et globes également

By Shafick Osman*

Suite à l'annonce du Premier ministre mauricien, Pravind Jugnauth, hier, lundi 25 mai, que les Nations-Unies ont modifié leur mappemonde, le 20 février 2020, en précisant que "Mauritius" est le "administering Power" s'agissant de l'archipel des Chagos, il est à préciser que la mappemonde mentionne que, "The boundaries and names shown and the designations used on this map do not imply official endorsement or acceptance by the United Nations".

C'est une mention qui ne remet, cependant, aucunement en question la souveraineté de la République de Maurice sur les Chagos, comme mentionné dans la résolution onusienne de mai 2019 et adoptée par la très grande majorité des États-membres des Nations-Unies, le 22 mai 2019. Nous sommes ravis que l'ami Vijay Makhan, ancien secrétaire aux Affaires étrangères de Maurice, abonde dans le même sens.

Par ailleurs, deux fautes d'orthographe sont à relever dans cette mappemonde des Nations-Unies (World Map 4170 R18.1 Feb20 - the United Nations) : Agaléga ou Agalega est écrit comme, "Agaleda" et Rodrigues, comme "Rodriges".

Surveillance de la douane

Le Premier ministre mauricien, aussi ministre de l'intégrité terrritoriale et des Outer Islands, a très justement dit que Maurice a déjà demandé aux "institutions" telles que Google, Apple et World Atlas  de rectifier leurs cartes respectives mais il faut aller plus loin que cela. Les services douaniers, sous la houlette de la Mauritius Revenue Authority, doivent être très vigilants sur l'importation de cartes, mappemondes, atlas et autres globes terrestres qui mentionneraient désormais non seulement "UK" ou "BIOT" à côté des Chagos ou de Diego Garcia mais aussi "Fr" à côté de Tromelin.

L'Inde, par exemple, contrôle sévèrement cela, à ces frontières pour le Jammu et Cachemire, notemment. En janvier 2006, participant à la New Delhi World Book Fair, le responsable marketing des Éditions de l'océan Indien (EOI), s'était fait approcher par un officier indien, à la sortie de l'aéroport international Indira Gandhi, pour la vérification de ses cartons et un carton contenant des atlas des EOI avait été saisi car la frontière de l'État du Jammu et Cachemire contenait des dotted lines pour représenter l'existence d'un contentieux sur cette frontière, précision interdite de publication, en Inde.

La majorité des mappemondes indiennes, très présentes à Maurice, mentionnent toujours que les Chagos sont un territoire... britannique !

Les représentations mauriciennes, à l'étranger, ou les responsables du bureau du commerce international, à Port Louis, doivent aussi demander aux éditeurs et fabricants étrangers de changer les mentions "UK" et / ou "BIOT" concernant les Chagos ou Diego Gracia, surtout, mais aussi "Fr" s'agissant de Tromelin, dans leurs atlas, cartes, mappemondes et globes terrestes destinés à Maurice. La majorité des mappemondes indiennes, très présentes à Maurice, mentionnent toujours que les Chagos sont un territoire... britannique !

Précédents

Pour rappel, l'ancien ministre de l'Éducation James Burty David avait interdit un atlas, en 1996, une publication joliment préparée par l'université de Bordeaux III, avec le concours du Pr Singaravelou, car Tromelin était mentioné comme territoire français ! Les Éditions Le Printemps avaient dû, elles aussi, réimprimer une page de leur atlas, voici quelques années, car Tromelin avait été mentioné comme territoire français. Par ailleurs, Osman Publishing et les Éditions de l'océan Indien (depuis fin 2005, tout au moins) ont scrupuleusement respecté et ont fait toujours très attention à la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale de la République de Maurice dans leurs atlas, cartes et mappemondes.

Autre anecdote sur le sujet : lors d'une réunion à la primature, en 2010 ou 2011, nous étions étonnés de voir, dans une des salles d'attente au bureau du Premier ministre, au Treasury Building, à Port Louis, une grande mappemonde avec "UK" ou "BIOT" à côté des... Chagos ! Nous avions averti Kailash Ruhee, alors Chief of Staff, à la primature, pour cette entrave majeure à l'intégrité territoriale de Maurice.

Le lendemain, ou le samedi qui suivit, S. C. Seebaluck, secrétaire auprès du conseil des ministres, et chef de la fonction publique, fit enlever toutes les cartes et mappemondes ayant ces mentions des bureaux du Premier ministre. Nous ne sommes pas courant si l'initiative avait été étendue aux autres ministères, corps parapublic et écoles, entre autres. L'école primaire publique Jules Koenig, à Beau Bassin, avait, en janvier 2011, par exemple, une immense mappemonde où "UK" ou "BIOT" était inscrit à côté des Chagos ou de Diego Garcia.

*Docteur en géopolitique (Paris-Sorbonne) et  chercheur associé à la School of International and Public Affairs, Florida International University (Miami).

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L'hebdomadaire mauricien Star a repris notre papier dans son édition du 29 mai au 4 juin 2020 (no. 1848), comme suit :




Monday, 18 May 2020

Shafick inn kwi espadon

Shafick inn kwi espadon

Some time early April 2020, Dr. Shafick Osman cooked swordfish for the very first time and it was in Ontario, Canada! The swordfish was an Indian Ocean one (no idea where from exactly) and was bought in ... Montreal, Quebec, some 200km away, from a well-known fresh fish importer/supplier.

Unfortunately, he had no one to film him in cuisine and it was too tedious doing the baked swordfish steak and filming at the same time! The best that he can offer is a quite poor picture of the dish with white rice and vegetables. His greatest satisfaction: spouse said it was ... very tasty!

This picture belongs to Shafick Osman - All Rights Reserved, (c) April 2020.
A zoom picture of the baked swordfish steak
with rice and vegetables. (c) Shafick Osman, April 2020.

Saturday, 16 May 2020

Décès d'Aboo Rawat : un véritable choc !

Décès d'Aboo Rawat : un véritable choc !

By Shafick Osman


Quand nous avons eu la nouvelle, sur WhatsApp, jeudi soir (heure d'Ontario), nous étions tellement secoués que nous nous sommes mis à douter qu'il s'agissait bien de l'Aboo Rawat que nous avons connu, à Beau Bassin ! Ayant la même nouvelle d'une autre source, nous avons dû nous résigner à accepter la très triste réalité - إِنَّا لِلَّٰهِ وَإِنَّا إِلَيْهِ رَاجِعُونَ‎, (ʾinnā li-llāhi wa-ʾinna ʾilayhi rājiʿūn).

Nous avons connu le frère Aboo - Aboobakar de son prénom complet - dans les années 80, à la mosquée Bait-ul-Muqaddas, à Beau Bassin, connue aussi comme masjid Barkly car se trouvant… à la rue Barkly. Notre plus lointain souvenir remonte à 1986, quand le compte-rendu d'une conférence du groupe de jeunes Les Nouveaux Chébrans fut publié dans le quotidien Le Mauricien, à la page 2, autant que nous nous souvenons. Il avait ralenti sa voiture, à la rue Barkly précisément, pour nous féliciter ! Il était sincère, joyeux, et nous encouragea à poursuivre le cheminement.

En revanche, quelque temps après notre mariage, en octobre 1998, il n’était pas très content et il nous l’avait fait savoir. Il n’était pas content que notre mariage ait été à la une de l’hebdomadaire Star en soutenant ses dires par des commentaires forts pertinents. Nous étions d’accord avec lui mais comme il entrait à la mosquée et que nous étions occupés à enlever nos chaussures, sur un des bancs, nous n’avons pu lui répondre. Nous nous sommes toujours dit que nous allons lui dire que ce n’était pas nous qui avons médiatisé l’affaire mais que cela venait d’un ami, proche du journal, sans que nous soyons au courant. Malheureusement, et Dieu l’a voulu ainsi, 22 ans après, nous n’avons pu lui préciser cela malgré que nous nous sommes vus des centaines de fois depuis !

Le gentilhomme

Le frère Aboo était d’une gentillesse extraordinaire, d’une amabilité exemplaire. Il ne ratait jamais l’occasion de vous saluer, à la mosquée ou dans la rue, et il se donnait toujours la peine de déposer telle personne ou tel muswalli, venant à la mosquée, chez lui, dans sa voiture toujours très propre, avec, bien évidemment, le brin de causette traditionnel ou ses blagues souvent, au second degré, qu’on prenait une seconde ou deux pour comprendre.

Mais Aboo Rawat, c’était aussi le gentleman ! Un gentilhomme qui donnait l’air de ne rien négliger – toujours tiré à quatre épingles, légendairement élégant dans ses choix vestimentaires, généralement agacé par la négligence des autres. Son franc-parler avait du poids mais il restait toujours poli, courtois. Il nous donnait l’air de quelqu’un de patient aussi.

Un gentilhomme qui donnait l’air de ne rien négliger – toujours tiré à quatre épingles, légendairement élégant dans ses choix vestimentaires

Et c’est grâce à Aboo Rawat que, lors d’un cyclone de classe 3, nous avons eu le privilège de diriger la prière, à la mosquée Al-Mufareedeen, toujours à Beau Bassin, connue, elle, comme masjid Balfour. Si notre mémoire ne nous fait pas défaut, c’était pour la prière de la mi-journée (Dohr). Seuls lui, son frère et moi, étions à la mosquée. Au moment de commencer la prière, nous lui indiquâmes de prendre la place de l’imam mais il refusa. Il insista pour que nous dirigions cette prière. Nous la fîmes et ce fut la seule et unique fois que nous avions eu cette prérogative, dans cette mosquée.

Célibataire, le frère Aboo était le jeune frère du renommé Dr Ibrahim Rawat, chirurgien, et le frère de l’autre renommé Hassam Moussa Rawat, le pionnier des équipements modernes de boulangerie et de pâtisserie, à Maurice. Aboo Rawat était très proche de sa famille, de ses frères, et portait une attention particulière à ses neveux Ameen et Ali, dirigeants aujourd’hui du puissant groupe HM Rawat.

Notre grande satisfaction est que nous avons pu lui dire au-revoir, avant de quitter Maurice, voici un peu plus de deux ans - il avait l'air d'être un peu choqué, par ailleurs, de l'annonce. Le frère Aboo a bien connu notre père mais aussi notre oncle (chacha) Ayoub de la rue Walter Besant, à Beau Bassin.

Fidèle des mosquées, nous ne pouvons que souhaiter que Dieu lui accorde la paix dans l’au-delà et la meilleure des places, au Paradis – Amen !

Thursday, 14 May 2020

Shafick pe kwi trwit

Shafick pe kwi trwit

This is the first time that Dr. Shafick Osman cooks trout and it's in Canada! Thanks to the confinement, he made it early May 2020, Masha'Allah (God willed it).


This video is the second in the series after the one on 'gato pima' which generated many comments on Facebook and WhatsApp! Check out for the next one ;)

Shafick pe fer gato pima

Shafick pe fer gato pima!

Gato Pima is a most popular snack in Mauritius; in Reunion Island, it is called Bonbon Piment, in South Africa, it is known as Chili Bites whereas in the Seychelles, it's Chili Cakes.


Thanks to the confinement and also thanks to his wife, Dr. Shafick Osman has made his first Gato Pimas at the end of March 2020 with another batch in April!

Saturday, 9 May 2020

RAMADAN 1441 - Une vraie bénédiction, Mashallah !

Source : Star, 8 au 14 mai 2020, No. 1845, p. 15 (Île Maurice)



By Shafick Osman

Alors que bon nombre de musulmanes et de musulmans peuvent regretter le confinement obligatoire et le couvre-feu sanitaire au cours de ce mois béni du Ramadan, nous voyons les choses autrement. Certes, la mosquée nous manque et les prières du soir, surtout, nous privent dune élévation spirituelle à n'en point douter mais en tant que musulmans, nous nous soumettons totalement à la volonté du Dieu unique, le Tout-Puissant, le Tout-Miséricordieux. C’est Lui qui décide et ce qu’Il décide est toujours pour notre bien, qu’on soit conscient ou pas, qu’on l’aime ou pas.

Cette première quinzaine du Ramadan 1441 AH a été, bien évidemment, très particulière, unique même. La famille a été plus soudée que jamais, unie dans les devoirs ménagers et tâches quotidiennes, ensemble dans bon nombre de prières obligatoires. La notion de corvée a disparu et elle a été divinement remplacée par le sens de la responsabilité. Le collectif s’est substitué à l’individualisme de tous les jours. Mashallah (Dieu l’a voulu ainsi) !

ACTEUR, EN CUISINE

Ces deux premières semaines du Ramadan 1441 mais aussi les jours qui l’ont précédé ont également été l’occasion pour nous de mettre la main à la pâte, sans jeu de mots ! C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés, dans la capitale canadienne, de l’obligation de cuisiner à la passion de la cuisine ! Nous avons eu, à plusieurs reprises, le rôle d’aide-cuisinier maison mais depuis quelque temps, nous sommes passés à celui d’acteur, en cuisine domestique. Une agréable révolution de velours pour nous qui n’étions que consommateurs, en cuisine, à Maurice.

Sur le plan communautaire, dû aux contraintes du SARS-Cov-2, nous nous sommes vus bien plus engagés pour aider les démunis et les vulnérables un peu partout dans le monde, Alhamdullilah (Dieu soit loué) ! Nous faisons de notre mieux pour que les nécessiteux puissent avoir un peu de confort de nourriture, surtout, au Canada, mais aussi au Moyen-Orient et dans l’océan Indien. Dans cette situation incertaine et trouble que nous témoignons ces jours-ci, notre cœur a aussi profondément changé – Alhamdullilah.

Il nous reste donc de faire le plein au niveau spirituel et Inch’Allah (Si Dieu le veut), on y arrivera d’ici la fin de ce mois sacré que nous n'oublierons pas de sitôt. Allahu-akbar (Dieu est le plus grand) ! Merci, Dieu, pour toutes ces bénédictions pendant ce mois des mois.

Géopolitique : ce qu’on peut espérer des autorités mauriciennes pour la présente décennie

Source : Business Magazine, No. 1431 du 18 mars 2020 au 24 mars 2020 (Île Maurice)






By Shafick Osman
(docteur en géopolitique, Paris-Sorbonne,
et chercheur associé, Florida International University, Miami)


Disons-le d’emblée : il n’y a pas grand espoir que les positions géopolitiques de la République de Maurice changent dans les années à venir, voire dans cette nouvelle décennie du calendrier grégorien. Maurice est, de nature, conservatrice et change rarement dans ses postures géopolitiques, à quelques exceptions près. Pourtant, l’économie mauricienne a connu des transformations les plus profondes depuis l’Indépendance, la société même a connu des mutations les plus importantes mais au niveau politique – à part la parenthèse de 1982 – et de surcroît, géopolitique, pas grand-chose a changé depuis 1968, si ce n’est l’avènement de la République, en 1992, l’ouverture flagrante envers l’Arabie saoudite depuis 2015 et la reconnaissance par la cour internationale de justice et de l’Assemblée générale des Nations unies, de la souveraineté entière de Maurice sur les Chagos, en 2019.

GÉOPOLITIQUE INTERNE

Le rapport entre l’île principale de la République que la Constitution de Maurice décrit comme Island of Mauritius (que nous traduisons par île Maurice) et les autres territoires de la République est à repenser. Repenser pour une participation bien plus active, un rapport bien plus fécond entre l’île Maurice et les territoires constitutionnels mauriciens que sont Rodrigues, Agalega, l’archipel des Chagos, St Brandon (Cargados Carajos) et Tromelin. L’intellectuel et journaliste mauricien Joël Toussaint propose, depuis mars 2011, un concept d’État-fédéral où les différents territoires de la République auraient une autonomie maximale avec, surtout, un rapport égalitaire. Un drapeau fédéral mauricien a même été proposé récemment sur Facebook !

Repenser la République, c’est aussi fédérer les peuples et résidents et/ou natifs de l’île Maurice, de Rodrigues, d’Agalega, des Chagos et de St Brandon – il n’y a aucun habitant de nos jours sur Tromelin – autour d’un projet commun, d’une destinée commune. Si Rodrigues bénéficie certes d’une autonomie quelconque depuis 2002 via la Rodrigues Regional Assembly, les autres territoires de la République de Maurice sont contrôlés directement par le gouvernement central sauf pour les Chagos et Tromelin, où les contentieux sur la souveraineté mauricienne restent entiers malgré la reconnaissance claire de la souveraineté mauricienne sur les Chagos, en 2019, par la cour internationale de justice et par l’Assemblée générale des Nations unies. Agalega aurait dû avoir une certaine autonomie aussi avec la création de l’Agalega Island Council, en 2004, mais le conseil n’a jamais réellement fonctionné et il n’a pas bénéficié non plus, il est vrai, d’un fort soutien politique du gouvernement central.

La représentation des territoires de la République est aussi une problématique pas très répandue parmi les classes politique et intellectuelle mauriciennes. La dominance de l’Island of Mauritius, un héritage colonial datant des Britanniques, est flagrante au Parlement : 60 sièges sur 62 (20 circonscriptions sur 21), à l’Assemblée nationale mauricienne, reviennent à l’île Maurice ; Rodrigues a droit, elle, à deux sièges seulement avec une circonscription alors que la norme, pour l’île Maurice, est de trois sièges par circonscription. Pire, Agalega est représentée depuis l’an 2000 seulement et cela avec une incorporation dans la circonscription No. 3, Port-Louis Est - Port-Louis Maritime. Résultat : il n’y a pas eu et il n’y a jamais eu de député agaléen pour représenter Agalega depuis 20 ans maintenant et même Shakeel Mohamed, député de la circonscription depuis 2010, a avoué, en juillet dernier, au Parlement, que les députés du No. 3 n’arrivent pas à s’occuper de leurs mandants, à Agalega, faute de visites et de moyens logistiques adéquats !

ST BRANDON ET AGALÉGA

Les quelque 25 résidents de St Brandon, dont beaucoup y séjournent la plupart de l’année, ne peuvent voter sur place et il n’y a aucune représentation des 28 îlots de Cargados Carajos au sein de l’Assemblée nationale mauricienne ! Le gouvernement MSM-ML a bien voulu rajouter les Chagos à une circonscription existante, en juillet 2019 – chose que nous avions dénoncée, à l’époque, demandant plutôt une circonscription à part entière pour les Chagos – mais force est de constater qu’aux élections du 7 novembre dernier, les Chagos n’avaient toujours pas de représentation malgré le vote unanime de l’Assemblée nationale mauricienne, le 12 juillet 2019, pour l’intégration des Chagos dans une circonscription existante. Et on n’a point entendu l’Electoral Boundaries Commission sur ce sujet depuis. Nous étions les premiers à demander, en 2009, une circonscription à part entière pour Agalega et donc, un député agaléen pour Agalega.

Nous étions également les premiers, en 2014, dans le sillage du White Paper du Premier ministre Navin Ramgoolam, sur les réformes électorales, à demander qu’il y ait un député des Chagos au Parlement mauricien, en sus d’un député pour la diaspora mauricienne à l’étranger. Et nous avions même demandé qu’il y ait une nouvelle circonscription Agalega-St Brandon qui permettrait aussi la représentation de Cargados Carajos, à l’Assemblée nationale mauricienne.

Nous étions les premiers à demander, en 2009, une circonscription à part entière pour Agalega et donc, un député agaléen pour Agalega
Nous étions également les premiers, en 2014, dans le sillage du White Paper du Premier ministre Navin Ramgoolam, sur les réformes électorales, à demander qu’il y ait un député des Chagos au Parlement mauricien

Quant à Tromelin, il devrait, lui aussi, avoir une représentation mais Paul Bérenger, leader de l’Opposition, en 2009, avait déjà proposé cette inclusion de Tromelin, St Brandon et des Chagos mais dans une circonscription existante, lors d’une Private Notice Question, le 21 novembre 2009, au Premier ministre d’alors, Navin Ramgoolam, qui avait déclaré qu’il allait présenter une motion, dans ce sens, à l’Assemblée nationale, mais qui n’a jamais été présentée par la suite.

S’agissant d’Agalega et de St Brandon, il est inconcevable – on avait écrit cela en 2014 – que l’Outer Islands Development Corporation (OIDC), structure parapublique dépassée mais qui gère toujours ces deux territoires de la République, devrait céder la place à un statut plus officiel, plus étatique et moins dénigrant – il n’y a pas de présence administrative de l’État mauricien à St Brandon – pour ces deux territoires riches en superficie maritime et en ressources halieutiques. Notre proposition de l’équivalent d’un préfet (un commissaire ?) pour Agalega et St Brandon tient bon et, à notre avis, il faut une nouvelle législation pour combler le vide sur la souveraineté de l’État mauricien sur l’ensemble des îlots de St Brandon dont la moitié est la propriété du privé, sous la forme d’un bail à perpétuité, octroyée, en 1901, par l’administration coloniale. Lequel bail pourrait être octroyé à la même société qui détient aujourd’hui les droits, Raphaël Fishing Company Limited, sous forme d’un bail à durée limitée cependant.

GÉOPOLITIQUE EXTERNE

La politique étrangère de Maurice ainsi que ses rapports de force avec les puissances et blocs étrangers ne devraient pas changer au cours des dix prochaines années. Hormis quelques bifurcations à l’Est, et dans le camp socialiste, au temps de la Guerre froide, Maurice n’a jamais vraiment changé de politique étrangère depuis son indépendance même si certains rapports de force ont changé, au fil des décennies, s’agissant surtout du Royaume-Uni (écart), de la France (rapprochement) et de l’Inde (rapprochement important).

Maurice doit traduire, à nouveau, sa devise de ‘l’étoile et la clé de la Mer des Indes’ en réalité. Déjà très présente au sein de nombre d’organisations régionales et internationales et porteuse de nombreux hubs dans la région, Maurice doit travailler en vue d’une fusion, à moyen terme, de la Commission de l’océan Indien (COI) et de l’Indian Ocean Rim Association (IORA). Les sièges de ces deux organisations se trouvent à Maurice et le pays est un des membres fondateurs de ces deux organisations indianocéaniques. La France demande un statut d’observateur au sein de l’IORA, ce qui est plutôt bon signe pour un rapprochement entre la COI et l’IORA. La résistance pourrait venir de l’Union européenne, qui finance la majorité des projets de la COI, avec la France, en appui. Comme tous les États membres de la COI, à part la France, sont membres de l’IORA, il ne fait plus de sens d’avoir deux associations différentes pour le bien commun du bassin océan Indien.

Les relations avec l’Inde, la France, l’Union européenne, la Chine et les États-Unis ne devraient connaître aucun changement majeur de même qu’avec les blocs régionaux africains (SADC, Comesa, Union africaine). Un changement notable cependant qui n’est pas passé inaperçu ces dernières années : l’ouverture vers l’Arabie saoudite depuis 2015 ! Un changement de politique notable de la part des autorités mauriciennes qui renforce du coup ses relations avec les Émirats arabes unis, particulièrement, au détriment des adversaires du royaume saoudien tels que l’Iran et le Qatar, surtout.

SAHARA OCCIDENTAL, MAYOTTE, TROMELIN

Il est difficile à prédire si Maurice continuera à jouer, à fond, la carte saoudienne mais le positionnement neutre de Maurice – pour s’aligner sur sa devise, ‘ami de tout le monde et ennemi de personne’ – devrait prévaloir au niveau du monde arabo-musulman, surtout dans les pays du Golfe. Mais ce positionnement de Maurice conforte les États-Unis et aussi, l’Inde, devenue depuis peu proche tant des Émiratis que des Saoudiens. Reste à savoir si Port-Louis va finalement agréer à la mise sur pied d’une ambassade turque à Maurice, au vu des échanges en hausse avec la Turquie. Seul problème dans le monde arabe, pour Maurice, reste la question du Sahara occidental que Maurice reconnaît depuis le gouvernement de 1982 mais qui empêche des relations ‘normales’ avec le Royaume du Maroc, qui ne reconnaît pas la souveraineté du Sahara occidental. Avec plus d’un millier de Marocains sur le sol mauricien depuis quelques années, le Maroc essaye de faire une percée, au niveau diplomatique, à Maurice, mais sans grand succès jusqu’ici. Maurice pourra-t-elle, avec ses partenaires de la SADC, par exemple, faire pression sur le Maroc pour que le royaume chérifien accepte la tenue d’un referendum, au Sahara occidental, pour l’autodétermination, comme recommandé par les Nations unies ?

Concernant Mayotte, Maurice joue la carte apaisée. La République mauricienne ne reconnaît pas Mayotte comme un territoire français – et encore moins, comme un département de France – mais elle ne le fait pas savoir très souvent. Elle ménage bien sûr ses relations avec la France mais Maurice peut très bien, fort de son expérience à l’Assemblée générale des Nations unies et à la cour internationale de justice, aider le frère comorien à ‘récupérer’ Mayotte que les Nations unies ne reconnaissent pas comme un territoire français, tout comme la Ligue arabe et l’Union africaine, entre autres. Le succès de Maurice, à New York et à La Haye, devrait aussi lui permettre d’aider l’autre frère malgache, au niveau international, sur leur revendication des Îles Eparses (Juan de Nova, Europe, Bassas da India, îles Glorieuses) tout en proposant ses services de médiateur pour résoudre le contentieux malgacho-comorien sur les îles Glorieuses, notamment sur le banc de Geyser .

Le succès de Maurice, à New York et à La Haye, devrait aussi lui permettre d’aider l’autre frère malgache, au niveau international, sur leur revendication des Îles Eparses (Juan de Nova, Europe, Bassas da India, îles Glorieuses) tout en proposant ses services de médiateur pour résoudre le contentieux malgacho-comorien sur les îles Glorieuses, notamment sur le banc de Geyser

Quant à Tromelin, que Madagascar ne revendique plus depuis la fin des années 70 grâce à Paul Bérenger, Maurice devra choisir sa voie pour donner suite à la non-réalisation du projet de cogestion de l’îlot signé par la France et Maurice (où il n’était nullement question de souveraineté mais de cogestion scientifique, environnementale/ ressources halieutiques et archéologiques), en 2010, mais qui n’a jamais été ratifié par l’Assemblée nationale, en France, comme veut la législation française.

Deux fois retiré de l’agenda de l’Assemblée nationale française depuis 2010, il n’y a plus grand espoir que la cogestion de Tromelin devienne une réalité. Que fera Maurice ? Aller à l’Assemblée générale des Nations unies, comme ce fut le cas pour les Chagos et, éventuellement, à la cour internationale de justice encore une fois ou trouver une solution, à l’amiable, avec le pays ‘ami’ qu’est la France ? Quant à nous, depuis notre thèse de doctorat sur la géopolitique de la République de Maurice, en 2013, nous optons pour une solution de co-souveraineté calquée sur le modèle du condominium des Nouvelles-Hébrides entre la France et le Royaume-Uni.




Une chance pour Lepep de travailler sur la géopolitique de Maurice ?


Source : Business Magazine, No. 1174 du 10 mars 2015 au 16 mars 2015 (Île Maurice)

Lire l'intégralité du papier : Une chance pour Lepep de travailler sur la géopolitique de Maurice ? (Shafick Osman)


Photo fournie par Shafick Osman


By Shafick Osman

Disons-le d’emblée : la géopolitique est une discipline – pas une science – qui analyse les forces ou les rapports de force sur un territoire donné, quels que soient le type et l’échelle en question, c’est-à-dire du plus petit, du micro ou nano, au planétaire, voire à l’intergalactique. C’est une définition que nous avançons, promue par l’école française de géopolitique menée par Yves Lacoste, qui commence sérieusement à prendre place dans «l’anglosphère» (i) depuis un moment déjà.

Comment donc la République de Maurice peut-elle profiter de sa géopolitique, surtout avec un nouveau pouvoir politique, porteur d’espoir, depuis le 11 décembre dernier ? Pour que le nouveau gouvernement puisse « profiter » de sa géopolitique, il faudrait, au prime abord, qu’il comprenne et sache, en toute souveraineté et sans influence étrangère aucune, ce que c’est sa géopolitique, tant interne qu’externe.

Nous essayerons de dégager quelques pistes, quelques options, qui puissent servir de repère en souhaitant que le premier Budget du gouvernement Lepep puisse combler le manque trop cruel dans le manifeste électoral de leur alliance et les grandes lignes bien trop générales dans le récent discours-programme.

On utilisera le terme « mappemonde mauricienne » de façon délibérée. Après 47 ans d’Indépendance et 23 ans de régime républicain, la République de Maurice doit se replacer sur la mappemonde. Il faut absolument savoir ce que l’État mauricien veut à moyen et à long terme, où il veut aller et y être. À partir de là, ce serait plus facile de savoir où se placer, quelles aires géographiques privilégier ou pas.

C’est un travail de réflexion stratégique de fond qu’il faut entamer avec toutes les parties prenantes en question. Mais en l’absence de données précises – les indications sont trop générales jusqu’ici – nous ne pouvons que formuler quelques remarques, poser des questions et émettre quelques suggestions.

GÉOPOLITIQUE EXTERNE

Mis à part l’ouverture d’une ambassade en Arabie saoudite, nous ne savons rien, à vrai dire, de la politique étrangère du nouveau gouvernement. Si les procédures pour l’ouverture de cette ambassade à Riyad – et non à Djeddah, comme nous avons entendu et lu dans les médias récemment – ont commencé, qu’en est-il de la politique de Maurice (ii) envers le monde arabe, voire le monde arabo-musulman ? Fermera-t-on notre ambassade au Caire une fois celle de Riyad ouverte ? Maurice pourrait-elle se permettre d’avoir deux ambassades dans le monde arabe, à 1 600 kilomètres de distance seulement (iii) ?

Quelles utilités pour toujours avoir une représentation diplomatique de haut niveau en Égypte mis à part la portée historique de la chose ? Qu’on ne vienne pas nous parler des relations commerciales car le commerce, on le sait, se fait très bien hors des ambassades et autres représentations diplomatiques. Si on est en doute, il n’y a qu’à prendre l’exemple de Singapour où Maurice ne possède ni consulat ni ambassade.

Autre ambassade qu’il faudra de toute évidence revoir: celle de Berlin. Mise en place au temps de Navin Ramgoolam I, à la fin des années 90, cette ambassade nous sert-elle à quelque chose ? Les relations n’ont jamais été intenses entre l’Allemagne et Maurice et on est en droit de se demander quelle est la pertinence que Maurice soit présente à Berlin.

Par contre, cette ambassade pourrait laisser la place à deux consulats-généraux de Maurice : un en Allemagne même ou en Europe centrale, à Prague, par exemple, et un deuxième soit en Scandinavie soit en Europe du Nord. Les pays scandinaves représentent de réels intérêts pour Maurice, que ce soit au niveau de la coopération éducative, du tourisme, de la gouvernance ou de l’innovation. Un rapprochement du côté de Stockholm ou d’Oslo, voire d’Helsinki, serait certainement bénéfique pour plusieurs de nos secteurs. Il n’y a qu’à voir la présence des agences de développement scandinaves en Afrique continentale et à Madagascar pour se rendre compte que Maurice est à l’écart du potentiel nordique.

Autre aire géographique totalement négligée et pas des moindres : l’Amérique du Sud. Il est inconcevable que Maurice n’ait point de représentation diplomatique dans ce «continent» d’avenir. Si la viande brésilienne, le lait uruguayen et d’autres produits de consommation courante du Pérou et d’Argentine sont de plus en plus présents dans nos grandes surfaces, il n’en demeure pas moins que le potentiel de la coopération technique, sportive, économique et au niveau de la recherche, pour ne citer que ceux-là, est énorme, surtout venant du géant brésilien et du voisin argentin dans une moindre mesure.

L’Alliance sociale de 2005 avait annoncé l’ouverture d’une ambassade à Brasilia ou à Buenos Aires mais depuis, niet. Le gouvernement Lepep ouvrira-t-il une ambassade au Brésil ou en Argentine pour couvrir toute l’Amérique latine, afin que notre ambassade à Washington n’ait plus la responsabilité de tout le continent américain ? Et dans le même souffle, n’est-il pas temps que Maurice ait un consulat-général à Ottawa, capitale du Canada, où existe une forte communauté mauricienne et où les possibilités d’échanges et de coopération sont multiples ?

Autres pôles où Maurice devrait, à notre avis, avoir des représentations diplomatiques (consulats-généraux plutôt) pour des raisons stratégiques: île de la Réunion, Singapour, Afrique de l’Ouest (Dakar ou Accra, par exemple), Afrique centrale (exemple : Libreville ou Brazzaville), Comores, Nairobi ou Dar es-Salaam, Inde du Sud (Chennai ou Bangalore), Abu Dhabi ou Doha (Istanbul dans le futur ?) et Tokyo ou Séoul. Cette liste n’est pas exhaustive, bien entendu, et demande à être étudiée soigneusement et revue en fonction des priorités.

Et à côté de nos ambassades existantes, faut-il encore donner un nouveau souffle à celle de Maputo qui mérite une attention plus importante car le Mozambique serait bientôt le « Qatar de l’Afrique », selon des observateurs spécialisés, avec le fort potentiel gazier dans les eaux mozambicaines. Faut-il aussi repenser notre ambassade à Kuala Lumpur – que Bérenger demandait à fermer il y a peu de temps – qui devrait être bien plus présent dans l’ensemble du Sud-Est asiatique, mis à part Singapour.

Et sur le plan national, on a noté le « forcing » diplomatique du Maroc ces derniers temps avec une annonce en filigrane de la demande d’ouverture d’une ambassade marocaine à Maurice, mais quel serait l’intérêt d’avoir une représentation de si haut niveau du royaume chérifien en terre mauricienne, mis à part le nombre croissant d’épouses marocaines sur notre sol ? Autre question qui mérite d’être répondue : permettra-t-on, enfin, à la Turquie d’avoir une ambassade à Maurice ? Et, par extension, de sceller, une fois pour toutes, le sort de la desserte de Plaisance par un des leaders en devenir de l’aviation civile qu’est Turkish Airlines ?

GÉOPOLITIQUE INTERNE

Si, en 2010, au tout début de la campagne électorale, Arvin Boolell, ancien ministre des Affaires étrangères travailliste, avait dit qu’un ministère de l’Océanographie allait être mis sur pied, c’est le gouvernement Lepep qui finit par mettre en place un ministère de l’Économie océanique en 2014. Un début certes mais faut-il encore que ce nouveau ministère, tout en se contentant des opportunités économiques et de la régulation des opérations dans notre zone économique exclusive (ZEE) et sur notre plateau continental, n’oublie pas le poids politique, le levier, serait-on tenté de dire, de notre État-océan.

Le nouveau gouvernement a certes des ambitions dans cet espace maritime de 2,3M km2, le 19e plus important au monde, mais rien de durable ne pourra être entrepris si les particularités des territoires de la République formant cet État-océan ne sont pas prises en compte de manière judicieuse. Si on est tenté de laisser Rodrigues de côté momentanément car l’île bénéficie non seulement de sa propre assemblée régionale depuis 2002 et d’un pouvoir politique fort depuis les élections mais aussi Serge Clair est, semble-t-il, dans les bons papiers du gouvernement Lepep et cela devrait être de bon augure pour le futur immédiat de l’île (iv). Mais à côté de Rodrigues, il y a Agalega, St Brandon, les Chagos et Tromelin.

Si le nouveau Private Parliamentary Secretary (PPS), Salim Abbas Mamode, responsable de la circonscription No 3 et donc d’Agalega, affiche une volonté de résoudre les problèmes exposés par l’ONG Les Amis d’Agalega, la petite île se trouvant à un millier de kilomètres de Port-Louis, mérite une attention toute particulière. Négligée par la plupart des gouvernements, Agalega mérite un statut et du respect au sein de la République de Maurice. Souhaitons qu’après la visite du Premier ministre indien, Narendra Modi, l’atterrissage d’aéronefs commerciaux et l’accostage de navires à St James ne seraient plus un vieux rêve non seulement d’Agaléens, mais aussi des citoyens de la République.

Il est donc important que les autorités non seulement s’attellent aux problèmes pratiques des Agaléens
et à leurs besoins infrastructurels, mais encore le Parlement devrait avoir un représentant d’Agalega à part entière. Nous avons eu l’occasion de le dire dans L’Express dimanche, en 2009, et nous avons élaboré dessus, en avril 2014, suite à la publication du Consultation/White Paper sur les réformes électorales de l’ancien Premier ministre Ramgoolam. Comment peut-on nier aux quelque 300 habitants de l’île le droit de se faire représenter au sein d’une circonscription – si petite soit elle – qui pourrait, par ailleurs, regrouper St Brandon dans un premier temps ?

L’Outer Islands Development Corporation (OIDC), organisme gouvernemental s’occupant des îles éparses que sont Agalega et St Brandon, devrait être totalement revu pour en faire une agence de développement moderne, participative, dont la gestion se ferait avec le concours étroit de la communauté agaléenne (sur place et à l’île Maurice), du futur député d’Agalega (ou d’Agalega et de St Brandon) et des autres forces vives intéressées au sein de la République. L’Agalega Island Council également doit être revu car non seulement il ne serait pas en opération depuis un certain temps, mais il devrait permettre aux Agaléens de gérer leur île avec ses particularités et avec une dose d’autonomie, comme les Rodriguais.

La politique du nouveau gouvernement sur St Brandon doit être claire : laissera-t-il quelque 40 % des îlots de l’archipel de Cargados Carajos au privé avec des baux à vie sur des îlots – obtenus à l’époque coloniale – ou entamera-t-il des discussions avec la Raphaël Fishing Company Limited pour la révision des baux sur une durée limitée mais renouvelable ? Cette refonte de l’OIDC se fera-t-elle avec des pouvoirs additionnels pour agir un peu comme un préfet dans cet archipel difficile d’accès par mer et accessible par hydravion seulement ? C’est une réflexion nécessaire au vu du projet d’éco-tourisme de la société Raphaël Fishing sur l’archipel où le nombre de résidents (saisonniers ou pas) sera en hausse avec la présence de touristes, etc.

Nous n’allons pas élaborer sur les contentieux des Chagos et de Tromelin, territoires faisant partie de l’État-océan, car cela mérite un développement à part, mais force est de constater que sur ce chapitre, que des généralités ont été dites. Concernant les Chagos, l’heure H approche avec, en 2016, le renouvellement quasi automatique de vingt ans du bail des britanniques aux Étatsuniens.

Que fera le nouveau pouvoir politique en ce sens ? Une demande de participation aux discussions, comme l’avait suggéré Navin Ramgoolam quand il était Premier ministre ou sir Anerood Jugnauth, aura-t-il une approche différente ? Les réponses de sir Anerood au leader de l’Opposition ont été assez évasives au Parlement le jeudi 26 février dernier.

Pour ce qui est de Tromelin, comme les priorités du gouvernement socialiste sont, semble-t-il, différentes du gouvernement Sarkozy sur la question, peut-on espérer que l’Assemblée nationale française débatte enfin de ce projet de cogestion de l’îlot (concernant les ressources halieutiques, la gestion de l’environnement et l’archéologie) pour que l’accord signé par les gouvernements mauricien et français, en 2010, devienne une réalité et soit enfin mis en pratique ? Non, si on se réfère aux réponses du Premier ministre et à une des questions supplémentaires de Paul Bérenger lors de la Private Notice Question du 26 février.

Selon ce qu’on a pu entendre et lu au Parlement récemment, devrait-on donc oublier cet accord de cogestion et proposer à la France, « pays ami » par excellence, une formule de co souveraineté qui serait, à vrai dire, une solution durable et qui devrait régler ce contentieux entre la France et Maurice pour de bon ?

La balle, semble-t-il, est maintenant dans le camp français suite à la rencontre de Navin Ramgoolam et de François Hollande en octobre 2014, selon sir Anerood Jugnauth. Une formule de cosouveraineté basée quelque peu sur le condominium (réussi) de la France avec la Grande-Bretagne sur les Nouvelles-Hébrides pendant 75 ans serait-elle la solution finale et durable ?


(i) On peut définir l’anglosphère comme l’ensemble des pays « anglo-saxons » avec les pays majoritairement «anglophones» du Nord et du Sud qui partagent plus ou moins la même politique au niveau des affaires étrangères : Royaume-Uni, Etats-Unis d’Amérique, Canada, Australie et la Nouvelle-Zélande. L’Irlande et l’Afrique du Sud peuvent, dans certains cas, être ajoutés à cette liste.
(ii) On utilise «Maurice» comme diminutif de «République de Maurice». L’île Maurice est ce que la Constitution appelle l’«Island of Mauritius».
(iii) On se souviendra que l’alliance PTr-MMM avait proposé, dans leur programme électoral, d’avoir une ambassade en Arable saoudite et une autre au Qatar.
(iv) Une des demandes du gouvernement régional OPR sur la desserte aérienne directe Réunion-Rodrigues sera de nouveau une réalité bientôt grâce au soutien du ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo.

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