Friday, 13 December 2019

Agalega : l'aide financière de l'Inde recherchée

Le Mauricien, 19 juin 2008




PNQ À la mi-journée



Agalega : l'aide financière de l'Inde recherchée


Le gouvernement prévoit également de doter Agaléga d'un port
à la place de l'actuelle jetée en raison des risques à la sécurité
(source : Le Mauricien, 19 juin 2008)



Le développement d'Agalega et la situation dans cette île étaient au cœur de la Private Notice Question (PNQ) du jour à la mi-journée. Le Premier ministre, Navin Ramgoolam et le leader de l'opposition, Paul Bérenger, ont été unanimes à reconnaître l'urgence de prendre une décision quant à la reconstruction de la piste d'atterrissage à Agalega. Le PM a fait état de consultations avec l'Inde en vue d'une assistance financière pour ce projet et pour la construction d'un port à la place de la jetée à Agalega. À noter que la série de sept Private Notice Questions (PNQ) post-budget est caractérisée par des échanges entre gouvernement et opposition marqués par la courtoisie et une absence de propos acerbes, même si, de temps à autre, des éclats de voix se faisaient entendre.

Au sujet de la piste d'atterrissage, le Premier ministre a ajouté que, si les négociations n'aboutissaient pas, le gouvernement n'aurait d'autre choix que d'enclencher le projet de ses propres ressources financières.

Le PM a fait comprendre que le commissaire de police et le commandant de la Special Mobile Force (SMF) ont été appelés à revoir les plans, avec une présence plus renforcée, dans le cadre de la surveillance de la Zone économique exclusive (ZEE).

"Le gouvernement prévoit également de doter Agaléga d'un port à la place de l'actuelle jetée en raison des risques à la sécurité"

Bérenger : Le Premier ministre peut-il informer la Chambre si la piste d'atterrissage à Agalega est opérationnelle, si les nouvelles facilités portuaires d'embarquement et de débarquement sont disponibles et utilisées ; la fréquence des dessertes aériennes et maritimes, en révélant comment elles affectent la vie des habitants d'Agalega quand ils ont des problèmes de santé ; les enfants qui sont à Maurice pour les besoins d'études et les activités de l'Island Council et de confirmer si un projet de développement touristique a été autorisé et si les habitants d'Agalega ont bénéficié de baux pour les terrains résidentiels qu'ils occupent sur l'île ?

Ramgoolam : La Outer Islands Development Corporation (OIDC) m'a informé que l'actuelle piste d'atterrissage n'est pas fully operational. Cette piste avait été construite dans les années 80. En 1999, la Development Works Corporation (DWC) avait entrepris des travaux de réhabilitation à la piste et, depuis, d'autres travaux majeurs n'ont pas été effectués à ce niveau à Agalega. The airstrip has started to deteriorate. En 2003, les consultants de Gibb s'étaient vus confier la tâche de superviser un exercice d'appel d'offres. Des cotations furent reçues mais le contrat n'avait pas été alloué. La raison est que les dotations budgétaires nécessaires n'étaient pas prévues dans le Budget 2004/05.

En 2005, lors de ma visite officielle en Inde, j'ai approché les autorités indiennes au sujet de l'éventualité d'une assistance financière et technique pour le développement d'Agalega, notamment pour la piste d'atterrissage et le port. New Delhi avait consenti de mettre à la disposition de Maurice des équipements pour assurer la surveillance de la Zone économique exclusive de Maurice.

Pour la piste d'atterrissage, vu son état, il ne peut être question de réhabilitation. Il faudra complètement reconstruire cette infrastructure aéroportuaire. En octobre 2006, une mission technique indienne s'était rendue à Agalega. Les experts ont proposé un plan en deux phases pour l'infrastructure aéroportuaire, soit la première pour la reconstruction de la piste et la seconde étalée sur deux ans afin de permettre à de plus gros porteurs d'atterrir et de décoller à Agalega. Nous sommes en discussions avec l'Inde pour trouver le cadre approprié pour le développement d'Agalega.

En novembre de l'année dernière, l'OIDC a fait l'acquisition d'un nouveau chaland au coût de Rs 2 millions en vue de faciliter le débarquement et l'embarquement des passagers et des marchandises à Agalega. Une nouvelle grue a aussi été acquise. Les informations, qui m'ont été communiquées, indiquent qu'il n'y a pas de problème majeur à ce titre.

Pour ce qui est de la desserte maritime, l'OIDC prévoit quatre voyages par bateau, soit en janvier, avril, juillet et novembre. La corporation profite également du passage d'unités de la marine de pays amis pour assurer des Stop-Overs à Agalega. Le Dornier assure des vols d'urgence entre Maurice et Agalega et retour. Au cours de ces 12 derniers mois, Le Dornier a effectué 11 vols d'urgence à Agalega.

Le Dornier assure principalement des évacuations sanitaires après le feu vert des autorités médicales. Les patients ainsi transférés reçoivent une allocation représentant 50 % de leurs salaires pour la période qu'ils restent à Maurice avant de reprendre le prochain bateau vers Agalega. Les enfants peuvent regagner Agalega par bateau en avril et en novembre.

L'Agalega Commission se réunit deux fois par an à Agalega et il y a eu une vingtaine de réunions.

Je dois faire ressortir qu'il n'y a aucun projet touristique pour Agalega à ce stade.

La construction de maisons sur Agalega a commencé en 1997. Le 9 avril dernier, en tant que Premier ministre, j'ai remis à 59 familles d'Agalega des Letters of Intent. Le bail pour les terrains est en voie d'être finalisé. Les six autres familles obtiendront satisfaction une fois les maisons construites. J'apprends que la construction de duplex dans l'île a également démarré.

Bérenger : Cela fait trois ans que la piste d'atterrissage d'Agalega n'est pas opérationnelle. Le Nose Radar du Dornier est endommagé à chaque atterrissage à Agalega. Le Dornier est-il en mesure d'assurer la liaison avec Agalega en cas d'urgence ?

Ramgoolam : C'est affirmatif. Dans ma réponse liminaire, j'ai dit qu'au cours de ces douze derniers mois, il y a eu onze vols.

Bérenger : Le radar du Dornier a-t-il été endommagé ?

Ramgoolam : Pas à ma connaissance. Je sais qu'il y avait des problèmes avec le radar.

Bérenger : Le Premier ministre a fait état d'une étude des experts techniciens avec l'exécution en deux phases d'un projet pour l'aéroport d'Agalega. Peut-on savoir le coût et la période de mise à exécution du projet ?

Ramgoolam : It costs quite a bit. Les premières estimations qui m'ont été communiquées sont de quelque Rs 108 millions. Ils ont réparti les travaux en deux phases. Nous sommes en discussions au sujet d'une éventuelle assistance financière de l'Inde. Au cas contraire, le gouvernement devra trouver les moyens pour aller de l'avant avec ce projet.

Bérenger : Le Premier ministre a parlé de gros porteurs. Peut-on en savoir plus ?

Ramgoolam : Ils ont fait allusion à des avions cargo et autres gros porteurs.

Bérenger : Pour le financement de ce projet à Agalega, avons-nous approché officiellement le gouvernement indien ou encore des bailleurs de fonds sur le plan international ?

Ramgoolam : Nous avons déjà pris contact avec l'Inde pour savoir si ce pays ami est disposé à nous aider financièrement. Ils ont mis à notre disposition des équipements pour assurer la surveillance de la Zone économique exclusive. They could have helped us. Ils nous ont fourni de nouvelles cartes maritimes détaillées. Les experts indiens ont fait le déplacement à Agalega en octobre 2006 pour évaluer la situation par rapport à la piste d'atterrissage.

Bérenger : Le Premier ministre a utilisé le terme port pour Agalega. Mais il n'y a pas de port là-bas. C'est juste une jetée pour les opérations d'embarquement et de débarquement à l'arrivée et au départ du bateau. Depuis plus de trois ans, il y a un projet en vue de construire un port à Agalega. Le gouvernement est-il prêt à enclencher ce projet ?

Ramgoolam : C'est vrai. Agalega n'a qu'une jetée. Nous voulons doter cette île d'un port. Le gouvernement indien a établi des cartes maritimes nécessaires pour des activités maritimes dans cette région. This was part of their assignment.

Bérenger : Le Premier ministre devra étudier les difficultés rencontrées par des habitants d'Agalega en cas de maladie grave et où des soins ne sont pas disponibles dans l'île. Il y a également l'impatience des enfants, qui ont fait le déplacement à Maurice pour les besoins de leur scolarité, mais qui ne peuvent rentrer chez eux durant leurs vacances faute de bateau. Nous constatons que Le Dornier a dû entreprendre 11 vols d'urgence au cours de ces douze derniers mois. Le gouvernement peut-il s'assurer que le nécessaire soit fait pour doter Agalega d'une piste d'atterrissage dans les meilleurs délais ?

Ramgoolam : Nous avons déjà pris la décision. Si nous ne parvenons pas à un accord ou un Memorandum of Understanding avec l'Inde, nous irons de l'avant avec ce projet par nos propres moyens.

Bérenger : Le Premier ministre peut-il confirmer si l'Island Council d'Agalega est constitué comme il faut ? Peut-il révéler les noms des membres ? Autrefois, Agalega était géré sur des bases coloniales. Avec l'Island Council, nous avions voulu donner une voix aux 65 familles qui habitent Agalega. Un peu de la même manière que nous l'avions fait pour Rodrigues en attendant d'établir une instance démocratiquement élue par les habitants.

Ramgoolam : Je n'ai pas en tête tous les noms des membres. But the Agalega Island Council is fully constituted. Le président du Conseil est Hervé Aimée.

Bérenger : L'OIDC gérait Agalega comme une colonie. Le Conseil a été institué pour entendre la voix des habitants de l'île. Mais le fait de placer le président de l'OIDC à la tête du Conseil va à l'encontre des objectifs visés. Le Premier ministre peut-il s'assurer que la présidence de l'Agalega Island Council soit confiée à quelqu'un qui a à cœur le sort et l'avenir des habitants d'Agalega…

Bancs du gouvernement : Mahen (faisant allusion au député de l'opposition, Mahen Jhugroo)

Bérenger (croyant que la majorité indiquait le ministre Mahen Gowressoo : Be sa Agalega pou koule.

Ce quiproquo autour du nom de Mahen cède la place à un gros rire au sein de l'hémicycle avec le leader de l'opposition se rattrapant sur le nom de Mahen.

Bérenger : With the right Mahen, yes (se tournant vers Mahen Jhugroo, qui est assis à sa droite). Je maintiens qu'il n'est pas approprié d'avoir une nomination politique à la tête de l'Island Council comme c'est le cas avec le président de l'OIDC ?

Ramgoolam : Le leader de l'opposition connaît Hervé Aimée. Je ne crois pas qu'il soit une personne susceptible d'épouser une approche coloniale par rapport à Agalega. C'est pourquoi Mahen Jhugroo avait été nommé à cette instance auparavant.

Le leader de l'opposition fait état des difficultés pratiques pour les trois représentants des familles d'Agalega de participer aux délibérations de l'Agalega Island Council, qui se réunit à Maurice. Il revient sur l'urgence d'une piste d'atterrissage pour une meilleure desserte aérienne d'Agalega.

Bérenger : Voilà une raison supplémentaire pour accélérer les procédures pour la piste d'atterrissage. Pour revenir au secteur du tourisme, récemment, il y avait un groupe d'investisseurs étrangers intéressés à réaliser un développement dans l'île. Puis, nous n'avons rien entendu. There is room to have in Agalega a world-class project with a small airport of international standard. Le tout dans la préservation totale de l'environnement de l'île. Le gouvernement devrait tenter de rechercher des investissements pour ce genre de développement au bénéfice de Maurice et d'Agalega.

Ramgoolam : Je partage le point de vue du leader de l'opposition. Le vice-Premier ministre et ministre du Tourisme m'indique qu'il y a des croisières à Agalega. Un groupe sud-africain avait soumis un projet de développement touristique à Agalega en décembre 2005. Le Fast Track Committee sur les investissements s'est penché sur le dossier lors de sa réunion de février 2006. Nous avions recherché des informations et des détails supplémentaires concernant le projet. En 2007, le Board of Investment (BoI) a étudié le dossier portant sur des investissements d'envergure. Il y avait des obligations sociales et également l'institution d'un projet de dessalement de l'eau de mer. Mais le principal contentieux reste la question des terres. Les promoteurs étaient trop exigeants quant à la superficie du terrain réclamé pour la mise à exécution du projet.

Bérenger : Puis-je avoir une idée de la demande en superficie soumise par les promoteurs ?

Ramgoolam : 400 hectares.

Bérenger : Guette Valayden ki kaoav fer!

Le Premier ministre indique que si la demande était accordée, le projet aurait couvert toute la partie est d'Agalega. Il a ajouté que le principal promoteur était un Mauricien, dont il avait déjà révélé l'identité.

Le leader de l'opposition met l'accent sur la nécessité de préserver l'écosystème d'Agalega et fait état des dégâts aux coraux lors de la traversée en tracteur de la mer séparant les deux îles formant Agalega.

Bérenger : Je suis heureux d'apprendre que des familles habitant Agalega ont reçu des Letters of Intent en attendant les documents de bail pour leurs terrains. Six familles sont dans l'attente de leurs maisons. Mais qu'en est-il de la propriété des maisons sur les terres de l'Etat ?

Ramgoolam : À un certain moment, nous avons décidé que nous allions adopter la même formule que celle pour les maisonnettes de la CHA.

Bérenger : Le Premier ministre peut-il confirmer qu'il n'y a pas de propriété foncière privée à Agalega ?

Ramgoolam : This is my understanding.

Bérenger : Agalega a connu un sort de laissé-pour-compte au cours de ces trois dernières années…

Des protestations se font entendre dans les rangs du gouvernement. Le leader de l'opposition riposte en soutenant que ce sont ceux qui maîtrisent le moins les dossiers qui sont les plus bruyants.

Bérenger : Les électeurs d'Agalega votent dans la circonscription n° 3. Quand j'étais Premier ministre, nous avons obtenu l'assistance de la France pour assurer un déplacement à Agalega. Malheureusement, ce jour-là, le Transall français prévu était tombé en panne. J'ai fait le déplacement à bord du Dornier. Je suis sûr que la France ne serait que trop heureuse de mettre à la disposition du gouvernement un Transall pour transporter une délégation comprenant le Premier ministre, des ministres, des officiels du gouvernement, des membres de l'Assemblée nationale, y compris le leader de l'opposition pour bien démontrer aux habitants d'Agalega que we all care for Agalega.

Ramgoolam : I must say yes. I want to give a good signal to Agalega. Nous avons alloué des Letters of Intent à 59 familles d'Agalega. Nous avons pris la décision de construire un centre de refuge d'une superficie de 4 000 p2 car Agalega n'est pas à l'abri des intempéries. L'infrastructure pour les télécommunications a été mise en place. Emtel s'y installera bientôt. De nouvelles facilités pour la réception des émissions de radio et de télévision de la MBC sont disponibles. Une Lower Secondary School a été ouverte à l'intention des élèves depuis le début de cette année. We have done quite a lot for Agalega.

Jhugroo : Le Premier ministre peut-il révéler le nombre de maisons construites avant 2005 et après 2005 ?

Ramgoolam : Entre 2000 et 2005, seules cinq maisons ont été construites à Agalega. Entre 1996 et 2000, 33 maisons avaient été construites. A partir de 2005, nous avons procédé à l'octroi de 59 Letters of Intent.

Bancs du gouvernement : Jhugroo, own goal !

Bérenger : The figures do not tally.

Jhugroo : Le Premier ministre est-il au courant que quand la DWC construisait des maisons à Agalega, le coût était trois fois supérieur ?

Sithanen : Ar to troi lakaz to inn konstrir !

Ramgoolam : Only five houses were constructed by you !

Bundhoo : Mille fois Mahen Gowressoo !

Bodha : À un certain moment, des planteurs avaient bénéficié d'un bail agricole pour des cultures vivrières. Peut-on savoir ce qu'il en est advenu ?

Ramgoolam : Des planteurs ! Non Iswardeo Seetaram, l'ancien Speaker de l'Assemblée nationale. Il avait commencé à planter mais a abandonné par la suite. Je préfère ne pas poursuivre dans cette voie…

Bérenger : L'Inde a fait preuve d'efforts de coopération au niveau de la surveillance de la Zone économique exclusive. N'y a-t-il pas lieu de renforcer la présence de la police et de la SMF à Agalega dans ce même cadre ?

Ramgoolam : J'ai déjà abordé la question avec le commissaire de police suppléant et le commandant de la SMF. Je leur ai indiqué mon souhait de voir à Agalega une présence permanente et renforcée.

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