Tuesday, 24 December 2019

MONOPOLE ? Une occasion unique pour démocratiser le sucre (par Mitesh K. Ramjoo)

Le Mauricien, 25 juillet 2008



MONOPOLE ? Une occasion unique pour démocratiser le sucre (par Mitesh K. Ramjoo)


Chaque année, l'industrie sucrière, à travers le Syndicat des Sucres, importe 3 000 tonnes de sucre roux et 38 000 tonnes de sucre blanc pour le marché local. Jusqu'ici, le sucre importé est subventionné à hauteur de Rs 250 millions par l'industrie sucrière (usiniers, grands et petits planteurs) pour pouvoir maintenir le prix actuel.

Une des conditions de l'accord entre l'Etat et l'industrie sucrière en décembre de l'année dernière pour la cession de 2 000 arpents de terre concernait l'augmentation du prix du sucre sur le marché local. Une décision qui vient d'être entérinée par le Conseil des ministres.

Puisque l'industrie sucrière va bientôt changer son habit de partenaire économique et social pour devenir un simple importateur/distributeur au même titre que tous les autres Mauriciens engagés dans l'import/export, on est en droit de se poser des questions :

  • Pourquoi laisser l'importation du sucre destiné au marché local entre les mains d'un monopole ?
  • N'y a-t-il pas là une opportunité pour une compétition saine entre tous les acteurs économiques susceptibles d'approvisionner notre marché ?
  • Pourquoi pas un appel d'offres ?
  • Pourquoi la STC n'importe pas elle-même le sucre ?

Notre Grand Argentier, défenseur du libre échange, se doit d'intervenir. Les membres de la Commission de démocratisation de l'économie et l'opposition ont également leur mot à dire.

Les médias, les porte-parole des sucriers ainsi que le gouvernement mettent beaucoup d'accent sur le fait que les planteurs ne peuvent plus subventionner les industriels. Ils ont raison mais ils omettent souvent de souligner que les usiniers planteurs seront les principaux bénéficiaires de cette décision car ces derniers vont économiser Rs 150 millions chaque année (l'équivalent de 300 arpents de terre agricole chaque année multiplié par 10 ans = 3 000 arpents de terre agricole, donc mille arpents de plus que les 2 000 arpents offerts à l'état sur une période de 10 ans, en prenant en considération que, d'après l'accord entre l'Etat et l'industrie sucrière, la cession de 2 000 arpents terres se fera par étapes sur une période de dix ans). Encore une fois, l'industrie sucrière sortira gagnante malgré les grands discours de nos politiques alors que c'est toute une population qui endossera le fardeau de cette augmentation. Notons, en passant, que la population sera doublement pénalisée car elle paiera non seulement son sucre plus cher mais également son soft-drink, son gâteau français et ses friandises.

Voilà pourquoi nous devons exprimer notre désaccord à toute augmentation du prix du sucre sur le marché local. Que la STC prenne ses responsabilités ou qu'on libéralise l'importation en laissant à d'autres importateurs la possibilité de jouer pleinement leur rôle dans une économie de marché.

Notre ministre des Finances ainsi que l'aspirant ministre des Finances ne nous diront sans doute pas le contraire.

Mitesh K. Ramjoo


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