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Débarquement de marchandises à Agalega. Les habitants de cette île peuvent faire le voyage vers Maurice quatre fois par an. (Source : L'Express, 20 juin 2008) |
L'Express, 20 juin 2008
« PRIVATE NOTICE QUESTION »
Agalega : les promoteurs sud- africains « veulent trop de terres »
ARCON a fait un projet de «private island estate» à Agalega, proposant un investissement de Rs 15,8 mds et la création de 560 arpents. Mais le gouvernement juge que les 460 hectares demandés sont « excessifs ».
Le projet de développement du groupe sud africain ARCON sur les îles Agalega n’a pas encore été approuvé. La difficulté se trouverait au niveau de la quantité de terres que demandent les promoteurs sud-africains pour concrétiser leur projet – 460 hectares que le gouvernement juge excessifs. C’est ce qui est ressorti d’une Private Notice Question (PNQ) posée par le leader de l’opposition Paul Bérenger au Premier ministre, Navin Ramgoolam, hier matin à l’Assemblée nationale.
ARCON est un groupe sud-africain, dont un des directeurs – l’actionnaire majoritaire selon le Premier ministre – est un Mauricien, Sylvio Madanamootoo. Ce groupe a fait une demande auprès du Board of Investment (BOI) en février 2006 pour un projet de développement de private island estate à Agalega.
Dès lors, le Fast Track Committee demande qu’ARCON donne davantage de détails sur le projet. Le projet new-look représente un investissement de Rs 15,8 milliards et dit pouvoir créer 560 emplois. La compagnie propose en outre de construire sa propre unité de dessalement d’eau, etc.
Le problème, dit le Premier ministre, c’est que les promoteurs auront besoin de 460 hectares de terres de l’Etat (à noter qu’il n’existe pas de terrains privés à Agalega, toutes les terres appartenant à l’Etat). «C’est trop», dit le PM. Une étude sur l’impact environnemental du projet est aussi en cours, note-t-il.
Mais ce projet mis à part, Agalega reste isolé de l’île Maurice et la PNQ de Bérenger portait essentiellement sur cet aspect, mais aussi sur la dimension politique de la chose. «Il faudrait faire plus pour les Agaléens», dit le leader de l’opposition.
A ce sujet, le PM a énuméré les réalisations de son gouvernement par rapport à Agalega – principalement la construction des maisons pour les habitants de l’île, la télécommunication et la construction prochaine d’un bâtiment de plusieurs étages pour abriter les 65 familles en cas de calamité naturelle.
Mais pour ce qui est de la piste d’atterrissage, le gouvernement pense que les travaux devraient se faire en deux phases – la première a trait à la reconstruction de la piste d’atterrissage et la deuxième concerne l’extension de la piste – sur une période de trois ans, de manière à permettre l’atterrissage d’avions cargo et de plus gros appareils. Ce sont des experts indiens qui ont procédé à la vérification de la piste d’atterrissage construite dans les années 80 et à laquelle des rénovations mineures ont été apportées en 1999.
En 2003, la compagnie GIBBS Mauritius est nommée consultant pour l’amélioration de la piste d’atterrissage et il y a même un appel d’offres qui sera par la suite annulé, puisque le budget 2004-2005 ne prévoit rien pour financer les travaux. C’est en 2006-2007 que le budget prévoit la somme de Rs 30 millions par la réfection de la piste d’atterrissage.
«Un ton très cordial»
Mais le coût des travaux – tels que recommandés par le gouvernement indien à qui le Premier ministre avait demandé de l’aide à ce sujet – est énorme. Navin Ramgoolam dit avoir demandé que l’Inde finance les travaux. Les discussions à ces sujets ne sont pas terminées, mais le PM affirme que «si nous n’arrivons pas à signer un protocol d’accord, nous allons devoir financer la piste d’atterrissage nous-mêmes».
En attendant, les 65 familles qui vivent à Agalega peuvent faire le va-et-vient entre leurs îles et Maurice quatre fois par an, en janvier, avril, juillet et novembre, en bateau. Et le Dornier se déplace s’il y a urgence ; l’avion a fait le déplacement à onze reprises durant l’année écoulée, principalement pour des raisons médicales.
Les enfants agaléens qui vont à l’école à Maurice peuvent eux, rentrer chez eux pendant les vacances d’avril et de novembre, gratuitement. Une lower secondary school sera bientôt en construction à Agalega de manière à ce que les enfants puissent rester avec leurs parents jusqu’à l’âge de 13 ans au moins.
Le ton des échanges était très cordial hier. Et lorsque Paul Bérenger devait proposer que ce soit une personne qui connaît très bien Agalega et qui a été élue par les Agaléens qui soit à la tête du Outer Island Development Council (OIDC) au lieu de Hervé Aimé, un nominé politique – ce qui, selon lui, donne à l’OIDC un rôle «plutôt colonial», des membres de la majorité s’écrient «Mahen, Mahen». Ils font référence à Mahen Jugroo, député du MSM et anciennement affecté à la OIDC.
«Si Mahen al laba, Agalega koule sa !» répond Bérenger avec un sourire. Avant de dire, faussement surpris : «Ah sa Mahen la zot pe dir ! Mo ti krwar zot pe kow Mahen Gowressoo !» en faisant rire l’hémicycle.
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