Le Mauricien, février 2008 (date exacte inconnue)
Pour un 77e anniversaire - SGD : des facettes avant-gardistes du personnage soulignées
" Sir Gaëtan Duval : un homme d'avant-garde " a été le thème d'une conférence organisée par la mairie de Beau-Bassin/Rose-Hill, vendredi à la salle du conseil, pour marquer le 77e anniversaire de la naissance de l'ancien leader politique décédé qui a vu le jour dans cette ville, où il a passé son enfance et son adolescence. Ce qui a permis aux intervenants, notamment Armand Maudave, Lindsay Nöe, Jacques Panglose et Rama Valayden, de faire état de certaines facettes avant-gardistes jusqu'ici non révélés du personnage. La conférence était présidée par son neveu, le conseiller Thierry Henry, fils de Ghislaine Henry, actuelle ambassadeur de Maurice en Allemagne.
Ayant côtoyé le tribun d'abord au collège, puis au départ comme à la fin de la carrière ministérielle de SGD, l'on ne pouvait choisir de meilleur compagnon de route qu'Armand Maudave pour parler du personnage. Il a d'emblée évoqué l'homme de théâtre qu'a été sir Gaëtan, qui aimait jouer sur les planches au collège Royal de Curepipe, ayant, à l'époque, sa troupe dramatique. Ainsi, en 1950, l'on avait décidé de jouer la pièce Dr Knock, de Jules Romain, au Plaza, devant un grand public. Et comme on avait décidé d'inviter deux élèves du Couvent de Lorette de Curepipe - qui avait également sa troupe -, celles-ci ont rempli les rôles féminins. L'anecdote a voulu que quelques années plus tard, l'une d'elles était devenue Mme Duval - la mère de l'actuel vice-Premier ministre - tandis que l'autre a épousé M. Maudave lui-même !
" Son expérience du théâtre l'a aidé plus tard à s'adresser avec une plus grande aisance à de plus grosses foules ", a ajouté M. Maudave. Cet aspect aurait aussi beaucoup compté pour la touche théâtrale de ses plaidoiries, surtout quand l'avocat faisait face à un jury.
Tandis que l'un étudiait le droit en Angleterre et en Fance, l'autre est également parti en Europe, toujours pour des études, en vue d'embrasser une carrière dans le professorat. Carrière qu'Armand Maudave avait d'ailleurs commencée jusqu'au jour où, après une rencontre avec sir Seewoosagur Ramgoolam, il abandonna l'enseignement pour faire son entrée dans la diplomatie.
Un libéral
Le voilà qui retouve Gaëtan Duval, alors nouveau ministre des Affaires étrangères. Gaëtan Duval, explique l'orateur, mit en pratique la philosophie qui caractérisait sa personnalité : celle d'un libéral, dans le sens du centre-droit, avec un certain populisme. Sa grande méfiance du communisme, poursuit l'intervenant, a fait pencher ses sentiments plutôt pour l'Europe occidental et pour les Etats-Unis. Alors que son amour pour la littérature française l'a rapproché du monde pro-France. Ce n'est donc pas étonnant, estime M. Maudave, qu'avec le Sénégalais Léopold Sedar Senghor, l'Ivorien Félix Houphouët-Boigny et le Canadien Pierre Trudeau, il a porté la Francophonie sur les fonts baptismaux.
Mais tout francophone et francophile qu'était SGD, fait ressortir M. Maudave, il était contre l'idée de céder l'ancien port de Mahébourg comme port de stationnement de la marine française, ainsi que sir Seewoosagur Ramgoolam l'avait promis lors d'une rencontre avec Philippe Rossignon, un ancien membre du gouvernement français. Celui-ci était à la recherche d'un lieu en remplacement de Fort-Dauphin, port malgache que Didier Ratsiraka, étant devenu un adepte de la philopsophie de Kim Il Sung, voulait mettre à la disposition des Nords-Coréens.
Lorsque Gaëtan Duval apprit cela, il confia à Armand Maudave : " C'est une grosse erreur. Les marins se comportent tous de la même façon à travers le monde, donc cela risque d'avoir des conséquences néfastes ".
Quant au fameux Festival International de la Mer, qui dura deux mois, l'idée originale, révèle le conférencier, n'émane pas de Gaëtan Duval, mais de François Léotard, ancien ministre français, qui alors qu'il se rendait à l'inauguration du Festival de cinéma d'Avoriaz, avait suggéré à Armand Maudave d'organiser un rendez-vous annuel qui attirerait les touristes. Le ministre émit l'idée d'un festival de films ayant trait à la mer, étant donné que Maurice est une île. " Quand j'en ai parlé à Gaëtan, il était emballé, et c'est ainsi qu'on a pu développer l'idée d'une semaine de projection de films en un festival vraiment international avec la participation de plusieurs pays ", a précisé M. Maudave. Il retient surtout la grande participation de l'Inde, mais surtout le passage de voiliers qui avaient réédité le tracé entre l'Afrique du Sud et l'Australie, alors qu'au départ, le trajet avait prévu de passer par les Seychelles.
Unité nationale
Analysant les idées avant-gardistes émises par sir Gaëtan, Jacques Panglose a soutenu que l'ancien leader des bleus a toujours été guidé par une politique favorisant la reconstruction et l'unité nationale. Il cite ses discours au Parlement en faisant référence au Hansard, ainsi qu'à la concrétisation de la coalition.
Il a également rappelé que celui qu'il a toujours considéré comme son guru avait parlé depuis 1960 de la notion des Droits de l'Homme. Et que dire de la profession légale pour sir Gaëtan, sinon qu'il l'a " survolé tel un météore ". Quoi qu'il est bien difficile, admet-il, de parler d'avant-garde dans ce domaine quand l'on doit tenir compte du poids de la jurisprudence dans notre système. Mais cela n'a pas empêché Me Panglose d'évoquer la plaidoirie de SGD et celle de Me Jules Koënig en faveur du droit de vote aux Rodriguais et aux habitants des îles voisines. " Sans cette action, on n'aurait pas eu de Rodrigues Council, et il y a encore des gens pour s'élever contre le fait que l'on donne le nom de SGD à l'aéroport ! ", a-t-il fustigé.
Rama Valayden a lui choisi, pour présenter l'homme, d'attribuer des qualicatifs à chaque lettre du nom Duval. Parmi les actions de sir Gaëtan, il a parlé de ses démarches qui ont permis à des jeunes d'étudier le droit à Maurice, la création de la Cour intermédiaire, pour laquelle occasion SGD et Sookdeo Bissoondoyal avaient prononcé des discours de haute facture. Enfin, de Gaëtan Duval, l'Attorney General dit avoir surtout retenu les qualités suivantes : " Ce qui nous a le plus marqués, c'est qu'il a été un abolitionniste de la peine de mort convaincu dès la première heure, son amour pour les animaux, son sens prononcé de l'amitié, tout comme sa capacité de pardonner. "
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