Week-End, 13 avril 2008
Proposition de Bancoult : le Comité Social Chagossien s'oppose au plan de relogement britannique
La présentation par le Leader du Groupe Réfugiés Chagos (GRC), Olivier Bancoult, d'un plan de relogement de 150 familles chagossiennes dans les îles Peros Banhos et Salomon, mardi dernier, devant des députés de la Chambre des Communes, à Londres, ne fait pas l'unanimité parmi des Chagossiens qui refuseront toujours de retourner dans leurs îles natales tant que celles-ci seraient occupées par les britanniques. À ce refus s'est ajoutée, cette semaine, l'inquiétude exprimée par le Comité Social Chagossien (CSC) de Fernand Mandarin "que la souveraineté de la République de Maurice sur les Chagos - à laquelle le CSC se dit attachée - ne soit irrémédiablement compromise par le fait que le plan de relogement prévoit de confier le développement économique des Chagos à des hommes d'affaires étrangers".
Selon Fernand Mandarin, qui a animé une conférence de presse à ce sujet, jeudi dernier, le rejet envers ce plan de relogement, piloté et baptisé par des Anglais plan Going Home, ne se limite pas qu'aux membres du CSC mais se manifeste également parmi des Chagossiens établis en Grande Bretagne elle-même et qui sont conscients de l'enjeu. Toujours selon M. Mandarin, la présentation du plan, mardi dernier, ne s'est pas déroulée tranquillement comme l'a prétendu à la presse Olivier Bancoult.
Fernand Mandarin soutient détenir des informations qu'un groupe de Chagossiens qui avait eu vent de cette présentation a insisté pour y assister aussi. D'après lui, "ce groupe de Chagossiens mené par un certain monsieur Permal finn force baraz la police ki ti pé rod empess zot rentré ek kan zot finn rantre dan la salle-là zott finn truv Olivier Bancoult avek enn certain Bashir Haulkory ki ti pé diskit avec bann biznessmen dé séki pou fer avek zott bann ziles". "A part Bancoult ek Bashir Haulkory, il n'y avait parmi ces hommes d'affaires aucun Mauricien. Ce groupe de Chagossiens a protesté contre la tenue de cette réunion où des représentants de gouvernement, même ceux du gouvernement britannique, étaient totalement absents".
"Mauriciens et Chagossiens ne travailleront plus à Diego Garcia"
Selon Fernand Mandarin, la République de Maurice doit ouvrir grand les yeux sur ce qui se trame à Londres entre Olivier Bancoult, ses hommes de loi britanniques, le gouvernement anglais, des businessmen étrangers (anglais, américains, français et autres) dans le dos du peuple mauricien. "C'est extrêmement grave. Le droit de retour de tous les Chagossiens sans distinction dans les îles des Chagos et aussi le droit des Mauriciens de remettre les pieds dans ces îles est sérieusement mis en danger. Bancoult est en train d'accepter, derrière le dos de Maurice, que seulement 150 familles chagossiennes - sur des centaines existantes en incluant leurs descendants - puissent retourner à Peros Banhos et Salomon. Il est en train de donner son accord que ces îles demeurent sous souveraineté britannique et que des hommes d'affaires étrangers y investissent dans des projets touristiques, des plantations et autres entreprises de pêche".
Selon le leader du CSC, "si dans le passé, l'existence des Chagossiens dépendait des compagnies privées mauriciennes qui faisaient la loi dans les îles, avec ce que fait Bancoult, cette fois, est pire". "Et il semblerait que ce seront les investisseurs étrangers qui vont régner, les Chagossiens ne vont pas accepter ça. Si businessmen étrangers mette l'argent dans Chagos et qui Anglais fer enn Constitution kot li garanti zot investissements dans Chagos, nou droit fini. Zot pou pran nous bann ziles net pou zot. Quand les natifs chagossiens comme moi qui sont de moins en moins nombreux seront décédés, nos enfants ne verront plus les îles de leurs ancêtres. Bann étrangers riches qui pou pran nou pays", a mis en garde Fernand Mandarin. De plus, a-t-il affirmé, le 1er novembre dernier, il a appris de la bouche d'un envoyé britannique, M. Norman, "qu'aucun Mauricien, ni aucun Chagossien, ne sera désormais employé sur la base de Diego Garcia".
Le plan de relogement, d'inspiration britannique, a d'abord fait l'objet d'une publication financée par la fondation Joseph Rowntree (également britannique). La propagande mondiale qui entoure ce plan a été confiée à une firme de relations publiques, britannique, du nom de Richard Morris. Le concepteur du plan, John Howell, un expert britannique également, préconise l'injection de Rs 1,3 milliard, soit 25 millions de livres sterlings, dont 17,5 millions de livres en dépenses consacrées au développement et 7,5 millions de livres en assistance technique.
Me. Lassémillante : "Maurice doit réagir très vite..."
Le fait que le gouvernement britannique va investir autant d'argent sans y impliquer aucunement le gouvernement de Maurice qui revendique les Chagos intrigue également le conseil légal du CSC, Me. Hervé Lassémillante. Celui-ci a encore une fois rappelé que le CSC s'était toujours opposé à ce que les Chagossiens poursuivent le gouvernement anglais devant une cour britannique parce que le CSC a toujours craint un piège anglais. "Avec la complicité d'Olivier Bancoult, ce piège anglais est en train de fonctionner à merveille. Non seulement Bancoult se présente, faussement, comme le représentant élu de la communauté chagossienne alors qu'il n'a été élu que pour diriger le Ilois Trust Fund, en plus, il renie l'île Maurice, son pays, réclame le droit des Chagos d'être traités comme territoire britannique tels St. Hélène et Gibraltar et ne pense qu'en termes d'anglais. Or, l'enjeu n'a jamais été de faire le Chagossien obtenir un petit passeport anglais, d'aller faire un tour à Londres, de rentrer à Maurice satisfait ou encore d'aller faire un petit tour en bateau aux Chagos. L'enjeu est de faire libérer les Chagos", a martelé Me. Lassémillante.
"Il était clair qu'avec l'avoue Richard Gifford qui conseille Bancoult c'était la souveraineté mauricienne qui était visée", a soutenu Me. Lassémillante. Or, a fait remarquer le conseil légal du CSC, "depuis 1965, soit depuis que la Grande Bretagne a excisé les Chagos illégalement du territoire mauricien en bafouant les résolutions des Nations unies sur la décolonisation, Londres, y compris l'ancien Premier ministre britannique Margaret Thatcher en 1992, s'est engagée à rendre les Chagos à Maurice lorsque les îles de cet archipel ne seront plus nécessaires pour la défense de l'Occident".
"Peut-on croire que si on laisse les Anglais investir Rs 1,3 milliard aux Chagos ils vont ensuite rendre l'archipel à Maurice ? Le White Paper du gouvernement britannique sur les Chagos laisse craindre l'organisation d'un référendum parmi les Chagossiens qui se sont déjà déclarés citoyens britanniques comme Bancoult", a affirmé Me. Lassémillante.
Selon le conseil légal du CSC, "face à un Chagossien en plein accord avec l'hégémonie britannique sur les Chagos comme l'est Bancoult, face à un colonisé qui est d'accord avec le retour du colonialisme britannique du 20e siècle dans l'océan Indien en plein 3e millénaire, face à une Grande Bretagne qui n'avait accordé aucune chance à sir Seewoosagur Ramgoolam de s'opposer au démantèlement de son pays en 1965, il est devenu plus qu'urgent que la République de Maurice réagisse très vite et avec détermination, sinon Maurice perdra les Chagos à jamais !".
Me. Lassémillante a souligné que "le Premier ministre a raison de parler de la nécessité de bien gérer les terres agricoles face à la crise alimentaire qui s'annonce, mais le PM doit aussi se rendre compte que les îles des Chagos recèlent de ressources énormes capables de nourrir les 1,2 millions de Mauriciens dont font intégralement partie les Chagossiens, y compris Olivier Bancoult lui-même, malgré le reniement de ses origines".
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